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Ils résultent de l’accrochage entre deux structures voisines et sont ressentis de façon très variable et relevant le plus souvent d’une des trois catégories suivantes. La simple curiosité est le vécu le plus fréquent et ne mène en général pas le patient à consulter. A titre d’exemple, une étude québécoise a montré que 40% de la population asymptomatique, c’est-à-dire sans ressaut de hanche connu, peut déclencher un ressaut de l’iliopsoas sans pour autant l’avoir jamais perçu dans la vie de tous les jours et encore moins consulter pour en connaitre l’origine (1). Un certain degré d’instabilité tendineuse est également décrite au coude (pour le nerf ulnaire) (2) ou au poignet (pour le tendon extenseur ulnaire du carpe) chez des patients ne s’en plaignant pas du tout. Dans de plus rares cas, la répétition des ressauts mène à une gêne ou une réelle douleur qui incitera le patient à consulter pour en comprendre l’origine et, le cas échéant, demander une prise en charge. Cette situation, en fait rare au vu de la fréquence de ressauts peu invalidants, est l’apanage du sportif chez qui la répétition des mouvements, et par là même des ressauts, favorise l’inconfort. Une synthèse sur le sujet se trouve en cliquant ici
Légende de la vidéo: patient triathlète consultant pour un ressaut latéral du tendon distal du biceps sur la tête de la fibula.
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Il est, à titre d’exemple, démontré qu’un ressaut par instabilité du carpe avoisine les 200ms (3). A cet égard, l’échographie dîte « dynamique » s’est, dans les dernières années, imposée comme la seule modalité permettant la visualisation « en temps réel » de tels phénomènes. Une façon simple de retenir les causes de ressaut consiste à les classer, pour chaque articulation, selon leur origine articulaire ou extra-articulaire. Les principales causes de ressauts selon leur localisation sont résumées dans les chapitres qui suivent.
Le ressaut de l’iliopsoas touche en particulier les populations de danseuses ou de patient(e)s pratiquant des arts martiaux. Il se traduit par des ressauts au pli de l’aine au retour de la hanche en position neutre depuis des mouvements de flexion/ rotation latérale/ abduction. L’échographie dynamique a permis, dans les années récentes, d’en comprendre la physiopathologie exacte sous forme d’un phénomène rotatoire intrinsèque au muscle plus qu’un phénomène de friction du tendon du psoas sur l’éminence iliopectinée (4). Cette découverte devrait, à moyen terme, modifier tant l’approche que la prise en charge de cette entité. Les diagnostics différentiels de ressaut au pli de l’aine siègent au sein de l’articulation de la hanche et sont pour certains grèvés d’un plus mauvais pronostic fonctionnel (labrum, ostéophyte, corps étrangers, plicae). Le ressaut latéral de hanche survient par accrochage entre le grand trochanter et le tractus iliotibial chez des patients de tous âges (5). Le ressaut postérieur a été exceptionnellement décrit par conflit entre l’insertion proximale des ischiojambiers et l’ischion (6). Légende de la vidéo: patiente de 16 ans porteuse d'un ressaut de hanche droite. L'examen dynamique en abduction/ flexion/ rotation latérale (première moitié de la vidéo) montre une premier ressaut du tendon par dessus les fibres du muscle iliaque. Lors du retour de la hanche en position neutre, un second ressaut survient que le tendon du psoas se libère du muscle sous-jacent. |
Les premiers résultent volontiers des ménisques (fissurés ou simplement discoïdes) ou de tendons tels que ceux de la patte d’oie, le biceps fémoral ou plus rarement le poplité. Dans le cadre des prothèses, la présence d’une fibrose sous le tendon quadricipital (« patellar clunk syndrome »), d’un accrochage entre un tendon ou la fabella et le matériel, peut expliquer des ressauts. L’échographie dynamique a fait la preuve de sa pertinence à confirmer l’implication de telle ou telle de ces structures, guidant ainsi sereinement le chirurgien dans sa prise en charge lorsqu’elle est opératoire. Légende de la vidéo: chez cette patiente de 53 ans porteuse d'une arthrose du genou, l'échographie dynamique expliquent les ressauts par la présence d'un corps étranger intra-articulaire, pris entre les surfaces cartilagineuse et coincé en arrière de la corne antérieure du ménique médial.
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Dans de rares cas, les tendons extenseurs du pied et des orteils peuvent être sujets à un conflit avec le dôme talien, des ostéophytes du tarse ou un éventuel matériel orthopédique sous-jacent (9). Les ressauts d’origine articulaire sont nettement plus rares et surviennent volontiers sur un terrain post-traumatique.
En position extra-articulaire, le tendon du long biceps, des moignons de fissuration tendineuse du supra-épineux ou la présence d’un muscle variant peut donner d’exceptionnels ressauts invalidants de l’épaule. D’autres concepts physiopathologiques sont actuellement en cours de développement.
Sur le versant latéral de l’articulation, le pli huméro-radial, qui est en continuité anatomique avec le ligament annulaire, montre parfois des phénomènes d’instabilité lorsqu’il interagit avec les berges de l’articulation huméro-radiale lors de l‘extension du coude (10, 11). La présence de corps étrangers intra-articulaire est une cause rare mais possible de craquements récurrents de l’articulation, là encore facilement visible en échographie dynamique. Enfin, de discrètes subluxations dynamiques de la tête radiale surviennent, selon certains auteurs (12), en cas de lésion chronique du ligament collatéral ulnaire latéral (faisceau postérieur du ligament collatéral radial). Cette entité est appelée « instabilité rotatoire postéro-latérale ». Légende de la vidéo: lors de la flexion du coude, le nerf ulnaire sort du tunnel ulnaire et passe par dessus l'épicondyle médial et explique un ressaut médial bien perçu cliniquement |
Certains ligaments extrinsèques, quand ils sont gravement lésés, engendrent une également une instabilité qui est dite « midcarpienne » car elle survient entre les première et deuxième rangées du carpe (3). Les ressauts extra-articulaires s’expriment dans un plan transversal ou longitudinal. Les principaux ressauts transversaux résultent de l’instabilité de l’extenseur ulnaire du carpe (détaillée au chapitre « poignet ») mais également des tendons extenseurs des doigts, en particulier en cas de rupture des bandelettes sagittales qui les maintiennent, dans les suites d'un traumatisme direct sur le poing (« boxer’s knuckle ») (13). Dans un plan longitudinal, les doigts à ressaut résultent d’un conflit entre les tendons fléchisseurs, volontiers hypertrophiés, et les poulies au sein desquels ils coulissent. Cette entitée, dîte du "doigt à ressaut", est traîtée dans la rubrique consacrée. Légende de la vidéo: patient porteur d'un ressaut dorsal du carpe par conflit entre les tendons extenseurs et un os styloideum, dans le cadre d'un carpe bossu, lors de la flexion des doigts. |
Dernière modification de la page le 18 Octobre 2013